Boris Reine-Adélaïde fait chanter le tambour Bèlè

17 juin 2020 0 Comments

Par Nora ARAQUE

Basé au Brésil, Boris Reine-Adélaïde est un percussionniste auteur-compositeur, beatmaker, passionné de musique Bèlè. A l’occasion du mois de la musique, il partage avec nous ses inspirations, son parcours et la manière dont ses rencontres et voyages ont enrichi son univers musical. Belles découvertes !

 

Peux-tu te présenter et nous parler de ta première rencontre avec le Bèlè ?
Je suis Boris Reine-Adélaïde. Je suis né en 1988 à Paris d’une mère martiniquaise et guadeloupéenne et d’un père martiniquais. J’y ai vécu jusqu’à l’âge de 8 ans avant de partir, ma famille et moi, pour nous installer en Martinique.
Ma première rencontre avec le Bèlè fut lors d’une « Swaré Bèlè ». J’avais 8 ans. Lors de cette soirée, j’ai passé mon temps à m’amuser avec mes nouveaux amis. Après ce moment, j’ai dit à mon père que je voulais apprendre le tambour Bèlè. Mais, il a préféré m’inscrire à des cours de batterie. Finalement, je me suis aperçu que mon envie d’apprendre à jouer le tambour Bèlè, ce soir-là, était dû à l’ambiance familiale qui m’avait touché.
Au lycée, j’ai fait savoir à mes parents mes intentions de devenir musicien. Ils m’ont conseillé de me trouver un vrai métier. J’ai donc fait des études de manipulateur en radiologie, et j’ai consacré l’autre partie de mon temps à la musique.
Depuis mon arrivée au Brésil, il y a deux ans environ, je me consacre entièrement à divers projets musicaux.

 

Peux-tu nous parler des artistes qui t’ont marqué et qui ont participé à forger ton identité musicale ?
Il y a plusieurs personnalités dont trois grands percussionnistes qui ont influencé mon jeu de tambour.
D’abord, Giovanni Hidalgo qui est un grand Congacero portoricain. Il a révolutionné les Congas, instruments de percussion originaire de Cuba, en s’inspirant des rythmes du Djembé (instrument de percussion d’Afrique de l’Ouest). Je me suis inspiré de ses techniques pour enrichir la musique Bèlè.
Puis, il y a Thomas Guei, percussionniste ivoirien de Djembé, qui joue rapidement. C’est une autre manière de s’exprimer avec le tambour et c’est à ce moment que j’ai conçu des frappes plus rapides.
Enfin, il y a Félix Caserus, légende du tambour bèlè que j’ai eu l’honneur d’entendre jouer lors de différentes swarè bèlè en Martinique en grandissant. La clarté de sa frappe et sa dextérité m’ont marqué.

Deux autres rencontres musicales ont marqué ma trajectoire : Edmond Mondésir, auteur-compositeur et chanteur martiniquais, et enfin, Hervé Celcal, pianiste de jazz que j’ai accompagné sur son album « Bel Air for Piano ». La musique d’Emond m’a permis de mieux comprendre le côté mélodique de la percussion, et d’ajouter de l’émotion dans le Bèlè. Les gammes du piano d’Hervé Celcal m’ont permis d’accorder mes battements de tambour avec d’autres instruments.

 

Comment as-tu construit ton réseau dans le monde de la musique ?

Après avoir accompagné Edmond Mondésir sur son projet « Emosion Bèlè », j’ai fait de nombreuses rencontres dans le monde de la musique. C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai fait la connaissance de Thomas Bellon, batteur de Kassav’, qui plus tard me présentera au groupe afin que j’intègre l’équipe en tant que remplaçant-percussionniste pendant moins de 2 ans. J’ai eu la chance de les accompagner en Afrique, dans la caraïbe, ainsi qu’en Europe. Entre temps, j’ai rencontré Tony Chasseur, et participé à la composition de « Bèlè Big bang » pour son groupe Mizikopéyi.

Tout le long de ma carrière musicale, j’ai pu rencontrer d’autres musiciens dans différents pays.

 

Peux-tu nous parler du projet musical dont tu es le plus fier ?  
Quelques mois après mon arrivée au Brésil, j’ai réalisé le projet « Lil Tambor » où le tambour Bèlè « chantait » sur une musique instrumentale. J’ai décidé de tenter l’expérience en invitant 6 percussionnistes de pays différents sur le remix du morceau que j’ai appelé Drum Team : Jenn del Tambó, colombienne, spécialiste du Tambor Alegre; Thomas Guei, djembefola ivoirien; Sonny Troupé, batteur et tanbouyé Ka de la Guadeloupe; Reynold (TuTa) Rodriguez et Léo Brown, percussionnistes brésiliens qui jouent respectivement du Timba et du tambour Repinique, instrument de percussion typique du Brésil. Enfin nous avons Jeff Pierre qui joue du Manman Tanbou d’Haïti. Wallace « Chibatinha » Carvalho, guitariste brésilien a également participé.

A l’issue de ce morceau, d’autres percussionnistes à travers le monde m’ont sollicité pour y participer. J’ai donc lancé le défi DrumTeamChallenge, qui a réuni plus de 150 percussionnistes de 20 nationalités différentes.

 

Quels conseils donnerais-tu à un jeune ultramarin qui souhaiterait se lancer dans une carrière musicale ?
Osez !
D’abord, il faut qu’il s’imprègne de la musique de sa région pour qu’il puisse trouver sa voie.
L’expérience avec Kassav’ m’a beaucoup apporté sur le plan personnel et professionnel. Par exemple, apprendre à faire les choses avec sérieux et rigueur, ne pas avoir peur de travailler et d’aller au bout des choses. Cette méthode de travail m’inspire dans chacun de mes concerts.
J’encourage les jeunes ultramarins car plus nous ferons de choses, plus nous en tenterons de nouvelles, et ainsi, nous évoluerons. Il faut se lancer maintenant, pas demain.
Mets un pied devant, maintenant !

Pour suivre Boris Reine-Adélaïde dans tous ces projets et collaborations :