La Success Week by EduCarib : « La mobilité internationale, c’est important. Mais avoir le choix aussi de pouvoir se dire : « Oui, j’ai la possibilité d’aller en Australie, mais qu’est-ce que je peux faire à la Barbade ? »

4 février 2021 0 Comments

JOM : Qu’est-ce que la Success Week et à qui cela s’adresse-t-il ?

Lorine Bozin : La Success Week, c’est une semaine dédiée à la réussite scolaire et académique des jeunes. L’idée c’est de pouvoir animer des activités autour des sujets phares d’EduCarib : les études et la vie étudiante dans la région. Mais aussi avoir un avant-goût de ce que la Prépa propose et pouvoir interagir avec les coachs qui animent la PrépaEt enfin, c’est donner la possibilité à des intervenants, des partenaires et des associations de partager leur expertise avec la cible EduCarib : les collégiens, lycéens et étudiants.

Plus concrètement, la Success Week c’est une semaine d’activités en ligne exclusivement pour les jeunes, afin de leur permettre d’avoir des informations clés sur leurs études. Ils peuvent aussi bénéficier du coaching, d’informations, des conseils pratiques, de l’inspiration et des contacts.

Le fait de l’organiser avant la Prépa, ça permet de donner un avant-goût aux jeunes de ce qu’ils retrouveront dans le programme.

JOM : Comment avez-vous sélectionné chez EduCarib les intervenants de cet événement ?

L.B. : On a sélectionné des partenaires avec qui on a l’habitude de travailler. Pour certains intervenants, les critères de la visibilité et de l’impact auprès de nos cibles a pesé dans la balance. L’idée, c’est d’avoir des jeunes qui parlent aux jeunes dans leur langage, afin de pouvoir porter le message, d’être dans une certaine proximité et de démythifier cette notion d’excellence chez nousNous avons choisi des jeunes avec des parcours inspirants tels que Lionel Nidaud, Sélaï, Fanny Chollet, etc. 

Nous avons misé sur des intervenants variés pour cette semaine de lancement. Outre quelques coachs du programme dont Matthieu Lesueur, sur la thématique de la productivité et de l’autonomie des jeunes, on a fait appel à des partenaires associatifs experts dans leur domaine. Je pense notamment à Languesol International, présidé par Rhody-Ann Thorpe, une Jamaïcaine, dont l’activité se concentre sur la mobilité régionale.

Retrouvez ci-dessus le replay du débat animé par Fanny Chollet dimanche dernier, sur la chaîne YouTube EduCarib

JOM : Que manque-t-il selon toi pour que plus de jeunes Caribéens étudient et s’épanouissent dans la région ?

L.B. : Question intéressante ! Plusieurs éléments me viennent à l’esprit. 

Je dirais en premier lieu qu’on a un manque à gagner en matière de valorisation de parcours inspirantsOn a également un déficit de visibilité à pallier sur les formations et les opportunités professionnelles disponibles dans la Caraïbe. 

D’ailleurs, c’est de ce constat de manque de visibilité sur l’offre de formation qu’est née la plateforme EduCarib, qui va recenser progressivement l’offre de formation disponible dans la région. L’idée derrière EduCarib n’est pas de dire systématiquement : « Non, ne partez pas. » La mobilité c’est important, ça forge. C’est bien de pouvoir explorer différentes cultures. Bien que dans la Caraïbe, parfois on ne soupçonne pas l’existence d’une richesse culturelle importante.  

C’est essentiel d’avoir accès à la mobilité internationale, mais aussi d’avoir le choix. De pouvoir se dire : « Oui, j’ai la possibilité d’aller en Australie, mais qu’est-ce que je peux faire à la Barbade ? »

C’est donner aux plus jeunes toutes les cartes en main, pour que quitter la Caraïbe soit un choix construit et non un impératif. 

 

« C'est essentiel d'avoir accès à la mobilité internationale, mais aussi d'avoir le choix de pouvoir se dire : ''Oui, j'ai la possibilité d'aller en Australie, mais qu'est-ce que je peux faire à la Barbade ? '' »
Lorine Bozin, présidente d'EduCarib

Par ailleurs, certaines écoles et universités doivent poursuivre le développement de partenariats avec les universités étrangères, pour obtenir entre autres des accréditations (une garantie de l’enseignement qualitatif d’une école ou université par un organisme reconnu, NDLR). Je pense que d’autres filières doivent être développées voire créées. Je pense notamment au contexte de notre crise sanitaire, on a peut-être des solutions innovantes à encourager

Je parlerais donc plus de continuité, d’efforts à poursuivre pour l’expansion de l’offre de formation, d’amélioration de la qualité de vie étudiante et de l’accueil des étudiants étrangers dans notre région.  

Enfin, dernier élément et non des moindres : il est urgent de remettre en cause notre état d’esprit vis-à-vis de la Caraïbe, en tant que lieu d’apprentissage et d’expériences professionnalisantes. On a tendance à avoir des préjugés sur un territoire insulaire par rapport aux pays continentaux. Est-ce qu’une expérience humaine est mesurable à la taille d’un territoire ? Il faut qu’il y ait une génération qui se lève et qui choisisse de montrer… Les établissements ont du travail, mais ce sont les étudiants qui ont un rôle d’ambassadeurs. En somme, il s’agit de nourrir un cercle vertueux.

 

« Il est urgent de remettre en cause notre état d'esprit vis-à-vis de la Caraïbe [...] On a tendance à avoir des préjugés sur un territoire insulaire par rapport aux pays continentaux. Est-ce qu'une expérience humaine est mesurable à la taille d'un territoire ? Il faut qu'il y ait une génération qui se lève et qui choisisse de montrer... Les établissements ont du travail, mais ce sont les étudiants qui ont un rôle d'ambassadeurs. »

Nous remercions Lorine Bozin de nous avoir accordé cet entretien. Vous l’aurez compris : la Success Week by EduCarib, c’est résolument une idée caribéenne de la réussite.

Yasmina VICTOR-BIHARY, Rédactrice et correctrice professionnelle