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JOM AU FÉMININ by Méghanne Duval

17 mars 2017 0 Comments

par la rédaction

Dans le cadre  du mois de la femme, découvrez Méghanne Duval, co-responsable du pôle mobilité internationale de Jeunesse Outre Mer. Parallèlement à cette activité associative au sein de JOM, cette étudiante de Sciences Po Paris, est rédactrice en chef d' »Ôtrement Magazine » publié par l’association Sciences Ô. Elle est également tutrice de résidence. Rencontre avec une jeune femme dynamique et engagée.

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Bonjour Meghanne ! Nous sommes heureux de t’avoir avec nous aujourd’hui. Pourrais-tu tout d’abord nous raconter ta petite histoire ?

 

Originaire de la Martinique, je suis née dans le 93 où j’ai vécu jusqu’à l’âge de mes 10 ans. J’ai dû partir pour la Martinique, mon île chéri,  à la suite d’un drame familiale. C’est donc la-bas que j’ai été admise à l’Ecole de Sciences Po Paris en 2013, après l’obtention d’un Baccalauréat Littéraire avec Mention “Très bien” au Lycée Polyvalent La Jetée, au François.  

A Sciences Po j’ai tout d’abord suivi une formation généraliste (Histoire, Economie, Philosohie du Droit, Sciences Politiques) de deux ans qui m’a permis de développer une vision d’ensemble sur les problématiques contemporaines. J’ai complété cette formation par un stage de troisième année à l’étranger.

J’avais choisi comme destination le Ghana, pour son dynamisme économique, sa stabilité politique ainsi que sa diversité culturelle. J’ai travaillé dans le département ONG  d’un groupe de société ghanéen spécialisé dans le droit et le développement, LADA Group of Companies. Ce groupe était présidé par Raymond Atuguba, l’ancien secrétaire exécutif de l’ancien Président Ghanéen  John Mahama Dramani. J’ai désormais 22 ans, et complète un Master Droit Economique à Sciences Po Paris. En ce sens j’ai décidé de réaliser une année de césure en effectuant deux stages en cabinet d’avocats afin de me former au droit des affaires.

Tu dis être née dans l’hexagone. Comment as-tu vécu ce déracinement de l’hexagone vers la Martinique ?

Mon départ vers la Martinique s’est fait de manière assez brusque. Alors que j’avais passé toute ma vie (du haut de mes 10 ans) en Île-de-France, voilà qu’on m’apprenait que je vivrais dans les mois à venir dans cette Martinique, territoire que je ne connaissais que très vaguement malgré l’engagement vertueux que ma mère se donnait de m’y envoyer pendant les grandes vacances, chak-lan-né-bon-dié-fè (lol) (Ndlr : créole martiniquais qui signifie « chaque année »).

Je l’ai effectivement vécu comme un déracinement puisque j’ai dû quitter Neuilly-Sur-Marne pour le Vauclin, troquer le Collège Honoré de Balzac pour le Collège du Vauclin, changer de vie de famille et laisser mes amis d’enfance. D’autant plus que mon intégration n’a pas été des plus aisée puisqu’au final je ne connaissais que très peu la Martinique même si je baignais relativement dans la culture antillaise d’Ile-de-France. C’est indéniable qu’en s’expatriant de son île, on y perd un bout de culture.

En prenant conscience de ma méconnaissance de la Martinique, de son histoire, de ses lumières, de ses beautés et de ses problèmes, j’ai entamé un petit cheminement intellectuel en parcourant quelques classiques martiniquais que sont Aimé Césaire et Frantz Fanon.  Il faut préciser que ni le collège, ni le lycée ne m’avaient jamais initié à la lecture de leurs pensées, et que cela provenait d’une démarche personnelle –  ce que je trouvais scandaleux pour une ancienne hexagonale qui s’appropriait de plus en plus sa Martinique.

Au final cette difficile intégration a finalement été un tremplin pour m’approprier ma culture et dessiner mon futur. En ce sens, mon retour dans l’Hexagone en 2013 m’a fait l’effet d’un deuxième déracinement. J’étais désormais une martiniquaise à part entière, exilée à Paris !

Peux-tu nous parler de ta vie associative ?

Depuis mon entrée à Sciences Po, je fais partie de l’association représentative des étudiants Ultramarins, Sciences Ô. Créée en 2011, Sciences Ô a pour objectif de promouvoir auprès de Sciences Po et de ses étudiants, la connaissance des problématiques ultramarines ainsi que la diversité des cultures qui résident au cœur de l’Outre-mer Français, et d’autre part, d’accompagner les jeunes lycéens ultramarins dans leur préparation du concours de Sciences Po.  J’ai brigué plusieurs postes à Sciences Ô et actuellement je suis la Rédactrice en Chef du nouveau magazine de l’association “Ôtrement Magazine” que nous avons mis en place fin 2017.

Depuis juin 2016, j’ai également intégré le Pôle Mobilité Internationale de Jeunesse Outre-mer pour y mettre en place un programme de stage au Ghana. Au fil du temps, j’ai acquis le poste de Co-responsable National du Pôle Mobilité Internationale aux côté de Walissa Ho. L’objectif du Pôle Mobilité Internationale est  de favoriser la formation professionnelle des jeunes ultramarins par des expériences de stages à l’étranger dans leur domaine d’expertise. J’ai pu développer divers projets au sein de ce pôle : Un programme de stage au Ghana, au Brésil ainsi qu’un nouveau projet : le Caribbean Forum Opportunies, projet avec lequel nous candidatons dans le cadre de l’appel à projet lancé par les Assises des Outre-mer. JOM, Sciences Ô,  je fais tout cela en parallèle de mon stage à temps plein dans un cabinet d’avocat, et d’un job étudiant à temps-partiel les soirs et en week-end !

Mais Meghanne comment gères-tu cette vie associative bien remplie et ta vie professionnelle ?

Ma semaine est essentiellement dédiée à ma vie professionnelle. Je consacre donc une grande partie de mon week-end à l’associatif. Mais comme j’ai pu le dire, je travaille aussi le soir et en week en tant que tutrice de résidence. J’organise des animations, relaie des informations, conseille les étudiants et veille au bon vivre au sein de notre résidence. A certains moments, jongler avec tout cela me parait difficile, d’autant plus que j’aime également prendre du temps pour lire et apprendre.  Mais je me suis très vite rendue compte que ce partage était essentiel à mon équilibre. Porter des initiatives pour les jeunes ultramarins au travers d’associations me permet de placer les Outre-mer et plus particulièrement la Caraïbe au cœur de mon train-train quotidien, là où elle a toute sa place.

Parlons maintenant des projets que tu es en train de mettre en place ? Nous avons pu découvrir le projet que tu porte avec JOM aux assise des outremers, raconte nous un peu !

Oui effectivement ! Le Pôle mobilité de JOM a pour objectif d’aider les jeunes ultramarins à valoriser leur profil par la voie de programmes de stages à l’international. Nous formons cependant le vœu de promouvoir l’intégration professionnelle des jeunes ultramarins dans leur espace régional d’origine. C’est dans ce cadre que le Pôle Mobilité a conçu un projet de valorisation des opportunités professionnelles de la Caraïbe, Le Caribbean Forum Opportunities.

Notre objectif à travers ce projet  est de renforcer les liens culturelles, politiques et économiques entre les différents territoires de la Caraïbe et permettre aux jeunes caribéens et notamment aux jeunes antillo-guyanais de trouver un nouveau bassin d’emploi dans leur région d’origine.

Nous avons soumis  ce projet à l’appel lancé par les Assises. Cela a véritablement servi de tremplin à la visibilité de ce projet ! Les manifestations de soutiens sur la plateforme nous crédibilisent tout en renforçant notre détermination à aller au bout du projet !

Alors toi Meghanne prévois tu un retour au pays dans les années à venir ?

Retour au pays immédiatement je ne sais pas, j’ai effectivement en tête certains projets que je souhaiterais mettre en place pour développer la Martinique et la Caraïbe. Je suis également tout à fait ouverte à l’aventure à l’internationale mais quelle que soit ma position sur le globe, mon cœur reste en Martinique.

Notre entrevue arrivant sur sa fin, quel serait le message que tu souhaiterais faire passer aux jeunes ultramarins ?

Devenez acteurs du changement des Outremer ! Nous avons des problématiques importantes dans nos territoires qui ne se régleront que par le renouveau et l’innovation apportée par les jeunes talents ultramarins !